Maroc : il était une fois… Tourtatine
Destins croisés
Au milieu des années 80, deux jeunes accompagnateurs en montagne, un berbère du Haut Atlas et un français des Alpes du Sud, se rencontrèrent au sommet de la plus haute montagne d’Afrique du Nord, le Mont Toubkal, à 4167 m. Du haut de leurs 20 ans, ils échangèrent quelques propos et découvrirent leurs nombreux points communs. Tous deux anciens bergers et porteurs d’altitude, idéalistes, refusant l’injustice et les discriminations, avec un goût marqué pour l’engagement et le défi.
L’Atlas, tel un colosse mystérieux aux multiples visages, s’ouvrait aux cœurs de ces pionniers aventureux avides de grands espaces et de liberté. Ahmed et Bruno devinrent amis. Tels deux frères, ils travaillèrent ensemble de longues années, créèrent de nouveaux circuits, réalisèrent des premières sportives, à pied, en VTT, en hydrospeed, en char à voile… l’activité naissante du trekking générait des emplois, convertissait les paysans et les bergers en muletiers, en guides ou en cuisiniers. Des bazars et autres boutiques de souvenirs colonisaient timidement les ruelles étriquées des villages, et peu à peu, l’idée que l’on pourrait un jour héberger ces touristes d’un nouveau genre faisait doucement son chemin.
Pour le remercier de son implication dans la vie du village et de la communauté, Lahoucen, le patriarche de la famille Aïtt Tadrart, père de Ahmed, offrit au français une parcelle de terre pour y construire une maison afin d’y séjourner pendant la saison du trekking. Mais les jeunes guides préférèrent s’impliquer dans la construction d’un refuge sommaire, équipé de quelques matelas et d’un petit coin cuisine, afin d’accueillir leurs clients. C’était au village d’Arempt, perché à 2000 m d’altitude au pied des géants de l’Atlas. Le lieu-dit où le cabanon fut construit, se nommait Tourtatine. Un sobriquet enchanteur et folâtre, à l’image des sources et des jardinets étagés où la maisonnette prit racine.
Chacun poursuivit son chemin. Les deux comparses se retrouvaient régulièrement pour une nouvelle expédition, un nouveau projet ou simplement pour encadrer un groupe de randonneurs. Bruno Lambert, le français, devint explorateur et écrivain, Ahmed Aït tadrart, le natif de l’Atlas, passa ses diplômes de guide et continua d’investir dans la cabane qu’il transforma au fil des décennies en gîte d’étape et de séjour. Aujourd’hui, Tourtatine, attire les tours opérateurs et les guides du monde entier qui viennent ici pour jouir de l’authenticité… mais surtout pas du folklore !
Renouer avec des rythmes plus humains
Dissimulé dans un écrin de noyers séculaires à l’orée orientale du village d’Arempt, surplombant le chemin du Toubkal, le gîte de Tourtatine, surnommé le paradis d’Allah, jouit d’un environnement naturel exceptionnel. Ombre et fraîcheur, calme et quiétude, font de ce lieu un sanctuaire de bien-être à moins de 2 h de la torride citée de Marrakech. Ce qui marginalisait autrefois cet endroit, c’est-à dire l’éloignement du cœur du village, est aujourd’hui devenu son atout principal.
Ahmed et sa famille, le clan des Aït Tadrart, conscients de la fortune des lieux, ont su garder et protéger ce site des invasions massives d’un tourisme montagnard en essor. De son côté, Bruno, soucieux de la qualité des rapports interculturels et conscient des dérives sous-jacentes d’un développement touristique incontrôlé, renoue avec ses origines de guide et d’organisateur après une longue absence dans l’univers du trekking.
A travers cette démarche, Bruno Lambert souhaite retrouver les rythmes et le caractère humain que l’on avait ici aux origines du trek, en partageant son expérience de berbère d’adoption avec une clientèle récusant le joug de l’accélération et du zapping relationnel. Une attitude corrosive qui déprécie la saine curiosité et banalise l’échange, d’un côté comme de l’autre. Le tourisme supprimer la virgule peut, et doit rester une forme d’échange, profitable autant humainement et écologiquement, que sur le plan économique.
Ni regret ni nostalgie dans cette approche contre vents et marées qui tentera au mieux de conjuguer les attentes de l’hôte et du visiteur, sans pour autant glisser dans la consommation amère d’un exotisme thérapeutique. Avant d’être un « client », le voyageur est un ami que l’on reçoit avec le cœur, à qui l’on doit, certes « un produit » ou une prestation, mais avant tout à qui l’on offre la chaleur de l’échange et de la rencontre.
Prochainement
C’est à partir du Gîte de Tourtatine, dans un environnement familial et coquet, que seront proposées des excursions autour du Mont Toubkal et des massifs limitrophes. Cette double approche privilégiée du monde et des montagnes berbères nous conduira aussi dans la chaleur des foyers de paysans et de guides, compagnons de longues dates.
Nous avons fait le choix de travailler à « l’ancienne ». C’est-à dire de doubler l’encadrement d’un groupe avec un accompagnateur local, (de la famille Aït Tadrart bien sur !), et un accompagnateur français, Bruno Lambert. Toutes les sorties, de la simple visite aux moulins, aux grandes courses de montagne, seront effectuées de la sorte afin d’optimiser l’échange, la découverte et la sécurité lors des longues randonnées.
Les randonnées itinérantes seront accompagnées par une équipe de muletiers et de cuisiniers aguerris qui conduiront nos caravanes dans les recoins secrets de cet Atlas sauvage et enchanteur. De retour au camp de base, l’étape confortable de Tourtatine offrira quiétude et réconfort, chaleur humaine et spécialités culinaires.
Ces séjours seront destinés aux personnes désireuses de vivre et de communiquer au rythme de la nature et des hommes, du promeneur au randonneur invétéré, de la famille au groupe d’amis.
Prévu sur une semaine au départ de Marrakech, ces les randonnées ne sont pas programmées. N’hésitez pas à nous contacter pour construire selon votre niveau et vos envies, un séjour sur « mesure » au départ du noyau intime de Tourtatine.